BIOGRAPHIE

Artiste acousticien, compositeur, ethnologue et conteur sonore, Christian Holl a mis au point un système d'enregistrement innovant qui permet d'être à l'écoute de la matière, qu'elle soit minérale, végétale ou animale.

Régulièrement mandaté par l'Unesco, il capte les résonances de l'âme sonore du monde. Son approche sensible de la nature lui a permis de capter la partition la plus secrète de la planète à la rencontre du "Vivant".

Sonothérapeute, Christian Holl est également à l'écoute des fréquences bénéfiques à l'être humain. Après avoir capté depuis près de trente années les sons pour leur beauté esthétique et intérêt scientifique, il élargit sa collection aux vibrations énergétiques porteuses de bien-être.

LA MUSIQUE, JE L'ENTENDS PARTOUT...

La planète a sa partition. Chaque élément a son chant… Ecoutez… Vous l’entendez ? La musique je l’entends partout ; Dans le vent, dans l’espace, dans la lumière. Elle est partout autour de nous. J’ai cette intuition depuis longtemps. Il suffit juste de s’ouvrir à elle. Nous avons pris l’habitude de l’entendre mais pourtant, qu’il est beau de savoir écouter le monde…


Image hébérgée par elziere.org

mercredi 23 juillet 2008

LA NATURE, MEMOIRE VIVANTE DE L’HISTOIRE DES HOMMES…



Si vous deviez être apparenté à un végétal, lequel choisiriez-vous ?

La question dans l’air du temps m’est souvent posée, et ma réponse reste toujours embarrassée. Que choisir parmi toutes ces splendeurs que la nature nous donne. Comme nous avons le bonheur de posséder deux yeux pour voir en panoramique, deux oreilles pour une écoute stéréophonique, ma réponse sera double à l’image également de mes inspirations. Je crois en effet que je me retrouverais bien à travers un bambou et un petit papyrus…

L’idée que l’on puisse par le premier me transformer en instrument de musique comblerait ma vie de musicien et atténuerait la peine d’une séparation finale quand on me déracinerait… Imaginez que l’on souffle sur mon corps végétal devenu flûte, il se mettrait à entonner des mélodies infinies qui lui redonneraient vie…à travers celle d’un autre… Ne serait-ce pas là le plus beau miracle qui puisse s’accomplir ? La vie à travers la vie… En regardant le ciel je réalise alors qu’avec notre respiration, nous envoyons de la vapeur d’eau qui va rejoindre les nuages. Celle-ci va se transformer en pluie et alimenter nos rivières. De ce fait, quand nous buvons de l’eau, nous nous nourrissons un peu des uns des autres dans une totale communion. La nature prend alors une dimension divine ou le temps et l’espace n’ont plus de raison d’être. Adieu la haine, la misère, la détresse, la souffrance. Elles flirtent alors avec l’amour, la richesse, le bonheur et la plénitude. La vie quelle qu’elle soit se transforme inexorablement en vie. Nous pouvons prendre alors conscience que nous respirons aussi celle de nos ancêtres. La forêt en est le poumon. Je ne peux m’empêcher, en la contemplant, de m’imaginer la présence invisible mais o combien tangible de ceux qui s’y cachent. Je réalise toute la dimension que peut prendre ainsi le mot patrimoine. La nature en représente sa manifestation la plus majestueuse mais aussi la plus vivante…

L’idée que je puisse par le second finir mon existence soigneusement rangé dans une bibliothèque habillé de hiéroglyphes m’irait également assez bien. Certains y verront ma passion de toujours pour l’Egypte des pharaons mais aussi celle de l’écriture. D’autres pourront y percevoir celle que j’ai de la nature quand elle se met à parler d’histoire…
En effet, qui sont les véritables descendants des civilisations antiques ? Le temps fait que les peuples se mélangent au fil des invasions et des guerres. Le lotus, le papyrus eux dans le delta du Nil restent eux-mêmes, seuls témoins de ce qu’ils ont traversé. Je me plais à penser qu’ils prennent toujours comme un honneur l’hébergement dans leurs feuillages des divinités anciennes comme l’ibis, le faucon et le cobra… Je pense que ma vocation de « musicien de la nature » est née de là : Aller à l’écoute de messages invisibles que la nature aurait à nous livrer sur son vécu.

Dans cette optique, récemment, je fus comblé en répondant à la demande que m’avait faite l’Unesco pour son soixantième anniversaire. J’allais vivre une expérience tout à fait exaltante sur les temples d’Angkor : Démontrer de manière sonore et musicale que tout ce qui avait inspiré la culture khmère prenait racine dans la nature…
En effet, Les animaux sculptés sur les temples y prennent depuis toujours des allures primitives. Les lianes s’apparentent à des serpents suspendus dans les arbres ; Les blocs de grès que l’on peut croiser en forêt projettent des silhouettes d’éléphants…
En traversant le Cambodge de part et d’autre jusqu’à la frontière Thaïlandaise, ma composition musicale et sonore s’est alors établie sur huit tableaux. J’ai pu ainsi remonter le temps de l’histoire Cambodgienne à sa genèse.
Le clapotis provoqué par le plat de ma main sur les eaux de la rivière aux mille Lingas s’est associé de manière rythmique à la mélodie que j’ai composée pour décrire la naissance du Cambodge. Les cailloux entraînés par le cours des eaux se sont harmonisés. La corde pincée d’une liane d’un arbre fromager enchevêtrée sur les ruines d’un temple a donné la réponse aux rythmiques effectuées sur les balustres d’Angkor Vat…. J’ai pu même transformer l’une d’entre elle en un véritable xylophone végétal… Dans leurs vies quotidiennes, les Hommes ne sont pas exclus de cette fête qui témoigne d’une civilisation. Les nasses à poisson recousus par les pêcheurs comme le riz tamisé par une jeune fille khmère m’ont permis de ponctuer de manière sonore un thème musical que j’ai composé autour du lac tonlé sap… »

« La nature est instrument, l’instrument devient nature et culture. »
J’en ai fait un livre accompagné d’un CD audio intitulé « Angkor sur partition »…
Les bambous y sont mis à l’honneur, les papyrus métamorphosés en feuilles de riz… Oui si j’étais un végétal…

Komodo - Indonésie

Komodo - Indonésie
On n'existe qu'à travers le regard des autres...